La première partie de cette chronique est lisible ici.
Et la deuxième là.
Tu rentres chez toi après une exténuante semaine de vacances à courir à droite à gauche, douze heures de route et quatre d’embouteillages en cadeau bonux supplémentaire.
Tu as découvert avec une joie sans mélange que
la Belgique ne fait vraisemblablement pas passer d’équivalent du code ni surtout du permis à ses ressortissants.
Le premier que tu as croisé sur l’autoroute a décidé de prendre ta sortie en passant directement sur les zébras et en te forçant à freiner sèchement alors que tu étais engagée sur la voie de décélération.
Qui plus est, tu as du faire quelque chose d’absolument abominable puisque ses grands gestes t’ont indiqué que tu étais une conductrice lamentable et qu’il était bien bon de ne pas venir te mettre une claque ou deux pour t’apprendre.
Le deuxième t’a doublée rapidement par la droite à la seule fin de te faire une queue de poisson en se rabattant à un mètre de ton capot.
Quant au troisième il ne supportait visiblement pas d’être doublé puisque il accélérait dès que tu tentais de le dépasser, pour reprendre une allure d’escargot dès que tu abandonnais en constatant qu’il allait plus vite que toi.
Ensuite, expériences pavloviennes aidant, la moindre plaque belge provoquait chez toi une peur panique.
Tu n’iras jamais là bas.
Tu tiens trop à la vie.
Tu ouvres ta porte avec l’idée de courir mettre le chauffage car la maison doit être un peu froide.
Hélas, il fait en fait une chaleur tropicale.
Le chauffage a été laissé à son maximum.
Six jours que tes beaux parents sont partis en laissant les radiateurs sur 60 degrés, équivalent chaleur 37°Celsius selon le thermomètre qui n’arrive pas à aller au delà.
Tes plantes sont mortes.
Tu n’as visiblement pas eu l’idée de les arroser suffisamment.
Le choc thermique a pu vaguement jouer, aussi !
Les fruits et légumes de la cuisine n’ont pas résisté non plus.
Heureusement, les oranges que tu avais acheté en grande quantité pour ton retour n’ont pas souffert : elles se sont volatilisées !
La poubelle, laissée pleine, a développé quelques formes de vie nouvelles qui intéresseront sans doute le CNRS et ont commencé à ramper partout dans la cuisine, dégageant au passage des odeurs particulièrement rebutantes.
Il est huit heures du soir, un dimanche, tu viens de te taper 16 heures de route bouchons et conduite dans la neige compris, tu meurs de faim, tes enfants hurlent à la mort le ventre vide eux aussi, tu recommences le boulot le lendemain matin et tu es dans ta cuisine en culotte à tenter de réparer les dégâts.
Un retour de vacances comme tu les aimes.
Tu regrettes le déshabillage massif lorsque tu montes dans les chambres : là-haut également, le chauffage est poussé au maximum, puisque tous les radiateurs sont dépendants.
Par contre, une fenêtre a été laissée grande ouverte, histoire d’aérer sans doute.
Six jours que tu réchauffes donc l’atmosphère qui en a bien besoin en ces temps de gel, tes voisins doivent t’en être extrêmement reconnaissants.
Un rapide calcul t’apprend que tu ne feras pas les soldes cette année pour vêtir tes héritiers, mais que les actionnaires de GDF vont toucher de gros bonus.
Après avoir appelé Chéri pour l’informer de la situation dont tu l’estimes responsable, d’une voix aussi glaciale que les draps dans lesquels tu dormiras ce soir malgré ta contribution à l’assèchement des nappes de gaz, tu obtiens quelques réponses à la question simple que tu lui demandes de transmettre « Pourquoi ???? Pourquoi nom d’un ptit bonhomme en mousse ????? Pourquoi tant de haine ???? » :
« Ah bon, comment, nous aurions laissé le chauffage allumé, meuh non, ou alors ce doit être une erreur ? »
Puis « En fait on a cru couper le chauffage. »
Puis « On a essayé de le couper mais on a pas réussi »
Puis « On a pensé que comme ça vous rentreriez dans une maison chaude, on s’en serait voulu qu’elle reste froide ! »
Et enfin « On l’a laissé parce qu’il ne faut jamais laisser une maison sans chauffage sinon elle gèle ! » (Ben oui, six jours avec le seul système d’antigel, et c’est la fin !)
Impression de relire le conte du pot de sel, et qu’on te prend juste un tout petit peu pour une abrutie finie.
La prochaine fois que tu passeras chez eux, tu appelleras l’horloge parlante de Tokyo.
En oubliant de raccrocher en allant te coucher.
Non mais.
ils sont bavards